Bien utiliser une montre connectée après 50 ans
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Montres connectées et trackers d’activité après 50 ans : le pour et le contre

 

Toujours plus sophistiqués, ces objets connectés sont aujourd’hui portés par les sportifs de tous âges. Comment bien les utiliser après 50 ans et quelles sont leurs limites ?

 

Au même titre que les smartphones, ces appareils ont envahi notre quotidien.  Quel que soit l’usage auquel on les destine – suivre plus efficacement ses activités sportives ou surveiller certains paramètres médicaux – sont ils réellement indispensables et surtout quelle fiabilité peut on leur accorder ?

 

Un tracker pour corriger vos habitudes

Si vous avez tendance à être plutôt sédentaire ou à passer de longs moments en position assise, l’acquisition d’un tracker ou d’une montre connectée, peut constituer un bon début pour  vous mettre en mouvement.

Reconnaissons-le,  les premiers temps, il peut être amusant de voir ainsi tracé avec précision ses activités : le nombre de pas dans une journée, le nombre de coups de bras sur une longueur de natation, ou  le nombre de calories dépensées dans votre sport favori.

Au bout de quelques semaines l’appareil aura cumulé suffisamment de données pour vous donner une idée précise de votre activité sur de longues périodes et identifier vos habitudes de vie. Ce qui vous permettra de procéder à des ajustements si nécessaire.

 

 

Bouger suffisamment

Ces objets connectés  mesurent de multiples données non seulement sur votre activité sportive,  mais aussi sur votre activité quotidienne. Le premier d’entre eux est le nombre de pas que vous faites chaque jour. Ce qui constitue un indicateur assez (nous y reviendrons plus bas) fiable de votre niveau d’activité.

Certains modèles plus sophistiqués  vous envoient même une alerte pour vous indiquer que le moment est venu de bouger lorsqu’ils enregistrent une manque d’activité prolongé

Le chiffre de 10 000 pas est souvent avancé comme le nombre que vous devez effectuer chaque jour. En réalité, selon votre âge, vous devez effectuer de 10 000 à 17 000 pas par jour. (La fourchette haute est généralement recommandée aux enfants.)

Pour vous repérer, sachez que 10 000 pas correspondent environ à 7 kilomètres. Si vous ne travaillez pas dans un bureau, si vous effectuez quelques déplacements à pied dans la journée, il est relativement facile d’atteindre ce seuil.

 

 

S’entrainer avec la bonne intensité

Passé 50 ans, si vous voulez rester en forme,  il est nécessaire de vous entrainer avec une intensité suffisante. Et ceci évidemment sans prendre de risque . C’est là où ces appareils  montrent tout leur intérêt.
La mesure du rythme cardiaque, au même titre que le comptage de vos pas font partie de leurs fonctions de base. Qu’il s’agisse d’entrainements cardio ou de renforcement musculaire, vous pouvez facilement vous assurer du niveau de votre fréquence cardiaque.
Pour un adulte, la fréquence maximale théorique est de 220 – son âge
A  60 ans par exemple, elle est donc de 220 – 60, soit 160 battements par minute. En l’absence d’entraînement régulier à l’effort physique., il  est néanmoins recommandé de ne pas dépasser 70 % de cette valeur, soit 112 battements par minute à 60 ans.
Si vous vous entrainez régulièrement depuis longtemps, vous pouvez dépasser – un peu – ce seuil.

 

 

Rester dans la zone cible

Pour que votre activité vous apporte l’amélioration de votre condition physique que vous attendez, vous devez vous maintenir dans une zone d’intensité située entre 65 et 80% de votre fréquence cardiaque maximale. Certains experts formulent autrement cette limite. Ils considèrent qu’après 50 ans, l’intensité de vos efforts doit se situer entre 5 et 6 sur une échelle de 10 en terme d’intensité ressentie. Mais le ressenti, par définition, varie d’une personne à l’autre, et même d’un jour à l’autre chez un même individu. Trackers et montres connectées sont donc des moyens fiables de vous entrainer en restant dans cette zone cible.

Fiables jusqu’à quel point ? C’est ce que nous allons voir.

 

 

L’exactitude des données en questions

Ces objets connectés  n’ont pas la prétention d’être des dispositifs médicaux. Les marques qui les commercialisent  le rappellent d’ailleurs dans leur communication. Pour autant, s’ils n’ont pas la précision d’appareils médicaux, quelle marge d’erreur comportent leurs données ?

Premier  indicateur de votre activité, le nombre de pas. Selon que vous effectuez des petits pas ou des pas rapides, les trackers et les montres connectés ne parviennent à capter cette différence avec précision. Leur marge d’erreur est généralement estimé à 5%. Ainsi, pour 5000 pas « vraiment » marchés, votre appareil pourra mesurer environ 260 pas de plus ou de moins. Sachant que 100 pas équivalent à environ 70 mètres. A moins d’être un sportif de haut niveau soumis à une planification et une mesure rigoureuse de ses entrainements, cette marge d’erreur peut être considérée comme acceptable.

Pour les pratiquants de la marche nordique ou la randonnée avec bâtons, certains appareils vont comptabiliser l’impact des batons sur le sol comme autant de pas. La marge d’erreur est alors parfois considérable. Il arrive que l’appareil indique le double de la distance réellement parcouru.

Cependant, le choix de l’appareil peut donner lieu lui aussi à des mesures très différentes. Selon une étude  de l’ Institut des ingénieurs électriciens et électroniciens  datant de 2017, d’un appareil à l’ autre la mesure du nombre de pas peut varier de 26%.

 

Pour les autres données mesurées, le rythme cardiaque, les cycles de sommeil, le nombre de calories brûlées, …les approximations se révèlent comparables

 

 

La grande imprécision des calories dépensées

C’est sur la mesure de la dépense calorique que la marge d’erreur s’avère la plus importante. Elle s’élève jusque +/-30%. C’est énorme, mais cela s’explique facilement. Les trackers ne prennent pas en compte plusieurs  paramètres. C’est le cas par exemple de la température extérieure. Ainsi, on va brûler davantage de calories en nageant en mer dans une eau à 16° que dans une piscine chauffée à 28°.

Le dénivelé d’un terrain n’est pas pris en compte non plus. Et l’on brûle évidemment davantage de calories en marchant en montée que sur un terrain plat.

On pourrait citer ainsi bien d’autres paramètres  que ne peuvent intégrer ces appareils. De par leur conception (schématiquement, il ne s’agit “que” d’un capteur fixé au poignet), ils peuvent prendre en compte des paramètres comme l’âge (avec l’âge, la dépense calorique a tendance à diminuer) le poids, ou la taille que vous renseignez dans la mémoire de l’appareil, mais pas ceux liés  à votre environnement extérieur. Comme la vitesse d’un vent de face par exemple

Si vous pratiquez la natation, vous vous rendrez compte également que très peu de trackers sur le marché sont capables d’évaluer la distance parcourue de façon fiable. Surtout si vous variez les styles de nages ou que vos coulées sont longues.

Si vous souhaitez  adapter vos comportements de santé avec ses trackers fitness, l’impact de cette marge d’erreur est loin d’être neutre. En moyenne, le corps brule en moyenne 2000 calories par jours. (Ce chiffre de base  peut varier en fonction de votre masse musculaire, mais il n’est pris ici que dans un but de démonstration). Une consommation quotidienne  de 2000 calories/ jour est donc nécessaire pour maintenir son poids.  Si vous souhaitez créer un déficit calorique afin de perdre du poids, il vous fait consommer aux alentours de 1700 calories / jour. On se situe là dans la (grosse) marge d’erreur de ces appareils. Pour une personne désirant contrôler son poids, il n’est donc tout simplement pas possible de s’y fier.

 

 

Vers une vie plus saine

Très approximatifs pour calculer la dépense calorique, imprécis pour compter le nombre de pas, mesurer le rythme cardiaque et les rythmes du sommeil… dans ces conditions quel est l’intérêt de ces appareils ?

De par leur conception même, ils ne peuvent prendre en compte tous les paramètres de l’activité quotidienne.  Cependant, on l’a vu,  ils peuvent vous aider à changer vos habitudes, bouger davantage, prendre en compte votre sommeil (trop souvent l’oublié de tous les programmes de remise en forme), … Ils sont donc de bons incitateurs pour vous mettre sur le chemin d’une vie plus saine. Rien de plus. Vous ne pouvez-vous fixer des objectifs sportifs ou de santé, ou prendre des décisions,  en vous basant sur les données enregistrées par ces appareils

 

Le problème de la confidentialité des données

Enfin dernier point, la confidentialité des données enregistrées par ces appareils pourrait également poser problème.

Certaines assurances envisagent d’adapter leurs tarifs en fonction des données d’activité physique de leurs clients. Une personne active bénéficierait ainsi de meilleurs tarifs qu’une personne qui l’est moins. Ce qui soulèvent de nombreuses interrogations  quand on sait que ces appareils ne sont pas suffisamment fiables pour un suivi médical.

De son côté,  Amazon a lancé aux Etats Unis une gamme de bracelets connectés baptisés Halo Band. Moyennant un abonnement mensuel ,  une intelligence artificielle analyse vos données dans une application. On peut imaginer qu’Amazon cherche là à pallier les défauts d’imprécisions des appareils sur le marché. Son bracelet propose même de nouvelles fonctionnalités comme l’analyse vocale des émotions. Rien n’indique que la firme n’a pas dans l’idée de mettre  à profit ces données enregistrées à des fins marketing

Google a fait l’acquisition de l’entreprise Fitbit, pionnière des bracelets connectés. On peut nourrir les mêmes doutes quant à ses intentions sur l’exploitation de ces données.

On entre là dans un débat qui n’est pas directement en rapport avec le fitness, mais néanmoins il faut être conscient de ces enjeux.

 

 

En résumé :

  • permettent  des entrainements sans risque avec un niveau d’intensité suffisant
  • permettent de vérifier son niveau d’activité  quotidien
  • comptent approximativement le nombre de pas et la fréquence cardiaque
  • peu fiables pour mesurer  le niveau de dépense calorique

 

Pour lire un article sur l’activité physique  nécessaire après 50 ans  : Younger next year !

 

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